Stephen Maas

Dans les sculptures de Stephen Maas, pauvreté des matériaux et raffinement de leurs compositions se heurtent dans les dimensions d’un poème bref voire par la concision et la condensation qu’elles semblent opérer, en un haîku.
En évoquant la pauvreté des matériaux, je ne procède à aucun jugement de valeur - l’art moderne et contemporain, de Kurt Schwitters à Robert Rauschenberg nous a largement habitués à l’utilisation d’éléments du réel dégradés ou reconsidérés - mais à l’idée que ces matériaux n’appartiennent simplement pas au registre des beaux-arts, qu’ils sont des matériaux de tout le monde, des matériaux que l’on ne remarque pas, auxquelles l’homme du commun ne ferait pas attention, sur lesquels il ne daignerait pas poser un regard esthétique - et comme Schitters ou Rauschenberg, Stephen Maas nous y oblige.
Même dans les sculptures récentes qui utilisent la fonte d’aluminium, celle-ci se présente non ébarbée; Stephen Maas reste l’ennemi du propre de l’agréable lisse, du neuf réconfortant. Le raffinement vient de là: de l’opposition entre la précision de la composition et le caractère dérisoire ou déglingué des matériaux qui entrent dans cette composition et, si le terme ne semblait pas péjoratif, je caractériserais cette sculpture de “grunge dandy"...

Eric Suchère
Extraits du catalogue publié à l’occasion de l’exposition au FRAC d’Auvergne en jaNnvier-février 2001



KazaKKazaK liens éditions contact & participation